Les histoires de princesse ne se terminent pas toujours bien

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Ce matin pluvieux se tourne vers une scène de crime celle de M. Gruchet, dans un petit patelin dont je ne retiens pas le nom. Je traîne ma vieille carcasse dans ce pavillon où le médecin légiste déjà sur place ne se gêne pas pour me faire remarquer mon manque de ponctualité.

Rien à foutre !

Le corps nu gît au pied du lit avec quatre entailles nettes dans la poitrine. Je sors mon calepin et chaparde un stylo à l’agent à côté de moi. L’absence d’éclaboussures autour du cadavre de M. Gruchet me saute aux yeux. J’effectue le tour du lit, mais rien de flagrant. J’observe la chambre pour situer où exactement la victime a été poignardée. Je décide de partir en exploration dans une autre pièce. J’atterris dans la chambre de la jeune fille. Rien ! Juste la froideur de l’endroit. Les gens sont devenus de plus en plus accros, donnant l’impression que personne n’y vit. Heureusement que la chambre du père ne porte pas dans le même registre, encore un truc de bonne femme. 

Je retourne sur la scène du meurtre, j’analyse la pièce en détail pour dénicher la solution qui m’échappe. 

Quel idiot !

Je tire la boule de couvertures sur le lit, voilà ce que je cherche. J’examine les traces de sang, un écart entre les marques me laisse penser qu’une personne se situait à cet endroit entre le lit et M.Gruchet, sa proie. À présent, où se cache l’arme du crime, j’entreprends de fouiner dans les recoins en commençant par le mobilier où se pose la télévision. Une Caméra trône à ses côtés et un lecteur DVD juste en dessous. Je tire un bac rempli de déguisements de princesse de très bonne qualité, à mon avis un pour chaque DVD de Disney qui remplit l’étage du dessus. Je continue mon investigation vers la table de nuit, en ouvrant le tiroir des indices jaillissent devant mes yeux. 

Pour un veuf, il s’en est vite remis. 

Nous avons une boîte de préservatif à moitié vide et un tube de lubrifiant bien entamé. Un vrai tombeur, ou la femme figure très gourmande. La poubelle confirme mes idées vu le nombre de capotes usagées, mais mon œil est attiré par un emballage de lot de CD vierge, à mon avis il devait y avoir de la coquinerie dans l’air. Il faut mettre la main sur les CD, une ampoule s’allume dans mon cerveau. Je m’arrache le pied sur le coin du lit, ce qui fait sourire plus d’un. 

Bande de crétins !

J’attrape une des boîtes sur l’étagère et en en extrait l’un des CD de la même marque que l’emballage. Je demande à se que les contenus des boîtes soit emmené et étudié. Le légiste finit d’analyser le corps de M. Gruchet, la mort à surgit entre 21 h à 23 h. Selon les coups portés, les deux premiers étaient consécutifs et mortels, les 2 autres ont été assénés lorsqu’il gisait au sol, je me tourne donc vers un crime passionnel. Il ne me reste plus cas dénicher la charmante dame qui partageait ses nuits. Mon travail terminé sur les lieux, je retourne au bureau. Sur la route je reçois un appel, ils ont retrouvé l’amante, elle est conduite au poste pour que je la cuisine. 

Dans la salle d’interrogatoire, la frêle femme déjà assise semble perdue. Devant elle est se posée une tasse à café fumante, ses mains s’accrochent autour de la céramique chaude telle une ancre. Je m’installe en face d’elle et commence par poser les questions d’usage. Son identité, sa relation avec M. Gruchet et quand elle l’a vu pour la dernière fois. Elle porte à la bouche sa tasse laissant une trace de couleur rouge saillante, puis d’une voix tremblante, elle se lance. 

_ Je m’appelle Mme Poltier Anne, le lien que j’entretiens ou que j’entretenais enfin…

Je lui tends un mouchoir loin de moi d’être galant, mais j’aimerais qu’elle continue sans la morve au nez et les reniflements. Je lui fais signe de poursuivre. 

_ On maintenait une relation d’amitié. Mais tout a changé lorsqu’il a découvert que nos enfants sortaient ensemble. M. Gruchet a même déposé une demande d’éloignement pour mon fils afin qu’il n’approche plus sa fille.

_ Rien que des amis, vous allez me faire croire qu’il ne s’est jamais rien passé entre vous ? 

_ OK juste une fois. Il m’a dit qu’il tenait encore à sa femme alors je lui ai fait comprend que j’attendrais. La dernière fois qu’on a discuté c’était hier soir vers 21 h 30, Élise dormait déjà à cause des médicaments qu’elle prend depuis la mort de sa mère, articule-t-elle avec peine. 

_ pourquoi êtes-vous passée le voir ? Je lance en peu sèchement.

_ Pour essayer d’arranger les choses, reprit-elle, pour mon fils. Il fallait bien que quelqu’un fasse entendre raison à M. Gruchet. En plus la pauvre petite elle est atteinte de mutisme sélectif et n’a jamais réussi à parler avec son père. Les seules personnes à qui elle se confiait sont sa demi-sœur et autrefois sa mère.

_ Cela a tourné en dispute, vous n’arriviez pas à le calmer et sur le coup vous l’avez poignardé, je dis au culot.

_ Peut-être que la querelle était un tant soit peu agitée, prononce-t-elle légèrement agacée, je l’ai certes giflé et bousculé. Mais lorsque je suis partie, il était encore en vie. 

_ Vous êtes la dernière à l’avoir vu vivant.

Je demande à un officier de la placer en cellule. Je rejoins mon bureau où Élise m’attend, elle a l’air tellement abattue qu’elle se tord les mains dans tous les sens. Encore debout on me signale que sa sœur est là pour la récupérer et je laisse partir les deux sœurs. Soulagé, je n’aurais pas à jouer les baby-sitters. Je m’assis enfin sur mon siège, lorsque le téléphone sonne, dans un soupir lasse je décroche et déchante en entendant les résultats des DVD. 

Je sors en trombe du bureau, en détestant mon métier. Sur les films on voit M. Gruchet assouvir ses fantasmes sexuels sur une jeune princesse sur des mises en scène de Disney, l’actrice principale n’est autre que sa fille. La chambre de la fille où personne ne vit, les déguisements, sa rage contre le petit copain et le fait qu’elle n’ait jamais réussi à parler à son père. J’empoigne Élise par le bras et dans ses yeux je peux lire la tristesse, mais aussi le soulagement d’être débarrassé de tous ses secrets. Les histoires de princesse ne se terminent pas toujours bien.

Renard Séverine

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