Meiya, dernière conteuse

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La dernière conteuse Meiya arrive à la bibliothèque Abbaye Admont en Autriche, où vit la mage de l’Ouest, Mélusine.

_ Mage de l’Ouest, j’ai besoin de votre aide, implore Meiya. Je viens de commettre une terrible erreur, j’entrais dans la bibliothèque sacrée de grand-père, enfin je veux dire le grand mage Wilwarin. En oubliant de refermer le portail, malheureusement Talion me suivait. Comment pouvais-je deviner que mon ami s’adonnait à la magie noire.

Les larmes de Meiya roulent sur ses joues, les mains tremblantes elle se mouche dans son mouchoir brodé. La mage lui ordonne de se calmer, puis d’un geste de la main elle lui fait signe de poursuivre son histoire.

_ Lorsque j’arrivais, le grand mage débattait avec Gondelin, le mage de l’Est sur les humains qui se laissent envahir par la haine et la cupidité. Cela rend encore plus fort Elros le mage noir, qui se nourrit de l’énergie négative des êtres mortels. Ils paraissaient inquiets, car les humains meurent affaiblis par ce pompage d’énergie. Gondelin suppliait le grand mage de m’expédier, afin de retrouver le grimoire de la vie. Puis tout à basculé. Talion était apparu derrière moi, il était devenu pâle et ses yeux se sont obscurcis, le temps que je comprene ce qui se passe, mon ami se jeta sur le grand mage.  Il sortit une sphère noire de son sac et l’envoya sur Wilwarin qui s’écroula par terre. Par la suite, Gondelin emprisonna Talion, dans une prison d’énergie magique qu’il maintient tant bien que mal active.

_ Nom d’un elfe. Mélusine ne peut cacher son effroi. Il faut que j’aille auprès de lui, je dois lui venir en aide.

_ Gondelin a raison, je ne suis qu’une sotte qui ne sert à rien. Tu parles d’une conteuse, je mériterais qu’on m’exile à tous jamais. Je suis un danger pour les autres.

Meiya se tourne vers Mélusine qui rassemble ses potions.

_ Gondelin m’a dit que le sortilège lancer est très ancien et puissant, qu’au lever du soleil Wilwarin sera mort. Le seul moyen de le sauver est le grimoire. Je sais que tu possèdes l’objet pour le trouver.

Le mage se dirige vers une étagère, prononce une formule magique, et les livres disparaissent pour laisser place à un vieux parchemin, avec une énigme inscrite dessus.

La conteuse se livrera à Discorde,

Sur le chemin de l’oubli,

Traversera le miroir ancestral.

Les formules de la vie jailliront,

Quand la larme du désespoir coulera dans sa main,

Le grimoire de la vie se livrera.

_ Discorde était la fille de l’ancien grand magicien blanc, relate Mélusine. Il fut le tout premier à se tourner vers la magie noire puis il fut banni dans les bas-fonds de la terre avec sa fille, par la communauté féerique. Sa fille Éris avait le cœur sombre, elle se nourrissait de la discorde entre les amoureux, car elle eut le cœur brisé par son fiancé, d’où son surnom Discorde.

_Je me souviens de cette histoire. Elle déversa ses larmes pendant un siècle jusqu’à oublier son amour, le fleuve Léthé pris vit dans sa tristesse, surnommé la rivière de l’oublie. Les âmes torturées viennent s’y plonger pour perdre leurs déceptions de leurs vies passées. Ce qui me rappelle que les premiers miroirs étaient le reflet de l’eau, c’est dans les bas-fonds qu’il faut que je me rende, à la rivière de l’oublie, là où m’attend Discorde.

_ le sablier du temps joue contre nous Meiya. Tiens voici une corde magie, elle a de distance que celle que tu veux parcourir.

Mélusine, se tourne vers le globe terrestre créer par les elfes pour faciliter le voyage entre les mondes, et empoigne les deux rosaces pour les faire pivoter afin de voir apparaitre la carte du bas fond. La mage lui donne son dernier avertissement.

_ N’oublie pas que Discorde n’accorde rien sans un échange et que le temps s’écoule deux fois plus vite là-bas.

La jeune fille acquiesce et passe le portail vers les tourments de la terre.

La conteuse est prise de court, ses poumons brulent par le soufre, qui envahit l’air. Elle avance avec peine vers la rivière de l’oubli, qui s’étend devant elle. Meiya attache la corde à un rocher, puis plonge s’en tarder dans le miroir ancestral. En prenant soin de ne pas avaler l’eau, aurait pour conséquence de lui faire tout oublier.

Arrivé de l’autre côté, Discorde d’une beauté renversante patiente le livre sous le bras. Meiya retient son souffle subjugué par sa prestance. Éris prit la parole.

_ Je t’attendais conteuse, tiens voici ton dû, le grimoire de la vie.

Meiya se rappela les propos de Mélusine.

_ Quel est ton prix Discorde ?

_ Je viendrais le chercher en temps voulu, cela fait déjà deux heures que tu es ici parmi nous, tu n’as pas matière a discuté.

Un sourire sournois se dessine, sur le visage de Éris.

_ Je t’accorde une chose je te laisse sauver ton mage et ton ami. Je te réclamerais ma part du marché après que tu es remplit ta mission.

Meiya n’a aucun autre choix que d’accepter. Elle prend le grimoire et part en tenant la corde, la laissant se rétrécir d’elle-même. Une fois de retour auprès de Wilwarin, la conteuse s’agenouille près de lui.

_ Dépêche-toi ! il ne reste plus que quelques minutes avant que Wilwarin ne trépasse. Lui -gronde Gondelin qui gardait toujours son ami dans sa prison magique.

La conteuse ouvre le livre en cuir pour chercher la formule afin d’activer les phrases magiques.

_ Le livre est vide. S’écrit horrifier Meiya.

_Espèce d’incapable, tu mériterais qu’on t’envoie dans le bas monde, tu t’es fait avoir. Tu as de la chance d’être la dernière de ton espèce, qui m’a fichu un empoté pareil.

Gondelin est rouge de colère. Meiya caresse les reliefs du livre, dessinant une main tournée vers le ciel. Elle ne peut s’empêcher de s’en vouloir, elle ne pouvait sauver ni son grand-père ni son ami. Les larmes de la jeune fille coulent sans bruit, allant s’écraser sur l’illustration glissant le long des doigts jusqu’à la paume gravée sur la couverture du grimoire. Dans une lumière éblouissante, le livre enveloppait la conteuse de toutes les connaissances féeriques. Le dernier écrit se réalisait, les larmes de désespoir dans sa main. Meiya avait changé et avec assurance elle se dirige vers Talion en prononçant une formule dans une langue très ancienne inconnue de tous, alors aucune conteuse au paravent ne pouvait utiliser de formule, juste leur donner vie. Elle extirpe toute la magie noire de Talion. Mais hélas ! L’aube pointe en emportant avec elle Wilwarin, Meiya ne peut pas ressusciter les morts, même avec toute le savoir du monde.

Discorde apparait pour réclamer son dû.

_ Tu es prête, mon père te veut à ses côtés, ton cœur sera désormais noir et tu feras partie des nôtres.

La magie ténébreuse envahit la conteuse, puis Éris tend la main vers sa nouvelle allier, qui celle-ci dans un geste brutal la refuse. La jeune fille se tourne vers Discorde, un œil sombre et l’autre étincelant de vie.

_ Les deux devaient être sauvés. Je ne ferais partie d’aucun camp.

Le grimoire l’avait submergé de pouvoir immense, Meiya se sent puissante et en colère. Contre elle-même, contre tout, la vie, le monde. Meiya avertit :

_Préparez-vous ! Pour une nouvelle ère.

Renard Séverine

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