Bleu Océane

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Océane scrolle son appli de rencontre préférée. Jusqu’ici, l’amour ne l’a pas épargnée. La gente masculine ne voit en elle qu’un portefeuille. Née dans la richesse, elle dirige l’une des plus grandes entreprises de marketing de son père. Les hommes sont pour elle une déception. Depuis quelques temps, Océane s’amuse de la situation en poussant ses soupirants à la faute. Une façon pour elle de se donner raison. Océane tombe sur un petit nouveau qui vient d’arriver sur la plateforme. Son pseudo « Ange » s’accorde bien avec la photo.

Le téléphone de Gabriel bip, une nouvelle demande de rencontre vient de lui être envoyée. Il est ravi de voir que son profil attire l’œil de plusieurs demoiselles. Lui qui vient d’emménager dans le coin, après avoir tout plaqué à cause d’une déception amoureuse. Gabriel cherche des bras ou des draps dans lesquels se réconforter. Une jeune fille aux cheveux bleue retient son attention. Elle n’est pas d’une très grande beauté au premier abord, mais Gabriel aime son originalité.

Voilà une semaine que nos deux inconnus chattent ensemble. Une complicité virtuelle s’installe et les banalités de leurs quotidiens égayent leurs journées. Le week-end arrive, nos deux chatteurs organisent leur premier rendez-vous dans le monde réel.

 À la fin de la soirée, Gabriel plonge dans les yeux bleus d’Océane, un coup foudre né. Leurs pas les guident dans le lit de Gabriel. La même parade s’effectue les quatre week-ends suivants. Doucement, une routine s’installe dans l’appart de Gabriel, la jeune fille ne quittant plus son Ange, s’incrustant même la semaine. Océane pense qu’il pourrait être le bon. Quant à Gabriel, il aimerait que son amante si secrète lui ouvre son cœur.

Un mois et demi après leur rencontre, au retour de leur soirée, l’appartement de Gabriel se trouve inondé. Sans hésiter, la jeune femme l’invite chez elle le temps des réparations. Gabriel est heureux que la jeune femme partage enfin un peu plus d’elle-même.

Une fois chez Océane, Gabriel reste bouche bée devant la richesse d’Océane. Il comprend mieux sa prudence envers les hommes. Mais la jeune femme lui fait promettre toute fois de ne pas descendre à la cave. Elle y cache toutes les erreurs et horreurs de son passé. Gabriel accepte, chacun ses petits secrets.

Le week-end, fini, Océane retourne travailler et confie à Gabriel son double de clefs. Ce dernier prend 2 semaines de congé pour superviser les travaux de son appartement. Une semaine passe et leur vie de couple est des plus heureuse. Gabriel veut remercier Océane en lui faisant un dîner à la hauteur de leur amour. Tout semble parfait. Sauf quand Gabriel veut sortir du vin, sa mémoire lui rappel qu’il a oublié d’en acheter.

— ­­­­­­­­­­­­Un diner sans vin, cela n’a rien de romantique.

Le trousseau de clefs en main, le jeune homme descend à la cave. Se promettant de ne porter aucun jugement. Gabriel emprunte un escalier en colimaçon éclairé par des soupiraux et des lumières à capteur de mouvement. En bas, il s’étonne de voir une pièce vide, juste une moitié de mur rempli de bouteilles de vin. Gabriel pense qu’Océane a dû déplacer ses affaires. Au moins, il ne rompt pas sa promesse. Mais aussi attristé par son manque de confiance envers lui. Gabriel s’approche des bouteilles poussiéreuses. Une seule bouteille sort du lot, une sans étiquette. Gabriel la remplacera facilement. Lorsque Gabriel tente de la saisir, celle-ci bascule vers le bas comme un levier. Un cliquetis se fait entendre, une lumière clignote et une partie du mur coulisse vers la gauche.

Océan en pleine réunion, pousse un soupire lorsque sa montre s’illumine en bleu. Elle présente ses excuses à ses administrateurs et reporte sa réunion. Dans la voiture, Océane déçu visualise les étapes qui vont suivre.

Pendant ce temps-là, une odeur putride envahit les narines de Gabriel. L’horreur s’étale devant lui, des têtes d’hommes flottent dans des bocaux translucides. Instinctivement, Gabriel appelle la police. Le réseau ne passant pas les murs, il recule pour se rapprocher d’un soupirail. La conversation est bridée d’interférence et sa voix est chaotique. Gabriel leur dicte maladroitement l’adresse, mais le signal se fait distant puis disparaît. Il garde espoir que son appel ai pu arriver jusqu’à eux.

Gabriel toujours devant le soupirail entend un véhicule se garer. Il reconnait le bruit du moteur. C’est Océane. Levant les yeux vers l’entrée toujours ouverte, le jeune homme remarque cette lumière bleue qui clignote au-dessus de la porte. Merde ! Une alarme. Dans un geste de dernier recourt, il referme tant bien que mal ce foutu mur. Gabriel fait mine de chercher une bouteille. Quand il remarque ses traces de pas au sol qui sortent du mur.

Océane prend son temps, elle voit déjà sa victime s’agitant comme une souris en cage, affoler cherchant un moyen de dissimuler sa faute. Mais Océane ne laisse rien au hasard. Une fois dans sa cuisine, la jeune femme enlève son chemisier blanc. Hors de question de le tacher, c’est mon préféré. Puis elle enfile le tablier de circonstance. D’une main ferme, sélectionne son couteau fétiche et prend son petit revolver sous levier. Avant de descendre, Océane fait résonner une musique à fond, pour éviter le questionnement des voisins.

Gabriel sursaute en entendant la musique. Le plus dur pour lui c’est de voir avec quelle lenteur Océane prend le temps de descend, les capteurs de mouvement éclairent l’échéance. Les dernières lueurs le font mettre à genou. Gabriel la supplie de le laisser en vie, « Au nom de notre amour ! » Océane a déjà entendue ces requêtes temps de fois, tentant ensuite de la tuer. Elle lui annonce qu’il a 5 min pour faire sa prière et qu’après elle l’exécutera.

Gabriel s’éternise sur sa prière espérant en vain un miracle. Le temps s’écoule, Océane pointe son canon vers Gabriel. Le coup retentit dans toute la pièce. Une rivière rouge se mélange au bleu d’Océane, qui s’écroule face contre terre. Gabriel remercie le ciel en voyant apparaître derrière Océane les deux policiers.

Renard Séverine